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Une psychothérapie à Munich: s'y retrouver dans la jungle des informations

Au contraire de beaucoup d’autres pays européens, l’Allemagne offre une assez belle prise en charge par les caisses publiques des frais inhérents à une psychothérapie, pour peu que celle-ci réponde à certains critères. Les informations à ce sujet abondent sur le net mais quand on ne parle pas (assez) allemand, les choses se corsent. L'article ci-après reprend la plupart de ces informations et tentent de mettre un peu d’ordre dans cette jungle de mots en « psy ».

Nous avons choisi de laisser un certain nombre de mots en allemand dans le texte pour familiariser le lecteur avec ce nouveau vocabulaire avec lequel il pourrait être confronté dans ses démarches administratives s'il entamait une thérapie. Ceux-ci sont en italique.

La langue allemande est d'une rigueur exemplaire quand il s'agit de l'égalité des genres et toute profession sera toujours écrite au masculin et au féminin. L'équivalent en français étant malheureusement très lourd, nous avons choisi de ne garder que le masculin pour simplifier la lecture.


Qui peut prétendre au titre de psychothérapeute ?

En Allemagne, seuls les médecins et les psychologues ayant suivis une formation postuniversitaire longue (entre 3 et 5 ans) et reconnue par l’Etat peuvent porter le titre de Psychotherapeut. Au terme de cette formation, ils sont amenés à passer un examen d’Etat leur permettant l’obtention de la fameuse Approbation. Ils deviennent alors respectivement ärzliche et psychologische Psychotherapeuten.

Les psychologues n’ayant pas (ou pas encore) suivi la formation postuniversitaire reconnue peuvent, après certaines démarches administratives, obtenir le staatliches Erlaubnis et pratiquer la psychothérapie mais en tant que Heilpraktiker (Psychotherapie nach Heilpraktikergesetz)

Peut également prétendre au titre de Heilpraktiker toute personne ayant passé un examen à cette fin au Département de la Santé et ayant en général suivi une formation dans une haute école.

Le Pschychotherapeut et le Heilpraktiker ont donc des formations différentes et leur statut respectif a également des implications au niveau des remboursements éventuels par les caisses d’assurance maladie.


Quelles sont les différentes écoles de psychothérapie ?

L’état ne reconnait qu’une quantité limitée d’écoles de formations pour les ärzliche et psychologische Psychotherapeuten. Celles-ci appartiennent aux trois courants suivants :

  • La psychothérapie d’orientation analytique (Tiefenpsychologisch fundierte Psychotherapie)
  • La psychanalyse (analytische Psychotherapie ou Psychoanalyse)
  • La thérapie comportementale (Verhaltenstherapie)

Les Heilpraktiker quant à eux peuvent se référer à de très nombreux courants et auront généralement suivi une formation de plus courte durée. Le spectre étant beaucoup plus large et le terme de Psychotherapie n’étant, lui, pas protégé, la formation du Heilpraktiker peut aller de la plus sérieuse à la plus fantaisiste.


Un Psychotherapeut est-il meilleur qu’un Therapeut (Heilpraktiker) ?

Pas nécessairement. Le statut de Psychotherapeut garantit une formation sérieuse et de qualité mais le Heilpraktiker peut lui aussi avoir suivi une formation, voire plusieurs formations extrêmement rigoureuses. Il existe par exemple de nombreux psychologues ne se reconnaissant pas dans les trois courants théoriques imposés par l’Etat qui décident de se former autrement. Il existe de même des Heilpraktiker non psychologues eux-aussi formés avec beaucoup de rigueur.

La question du choix du thérapeute implique des critères financiers (remboursement ou pas), un intérêt pour un courant de pensée particulier, mais peut-être surtout des critères d’affinité personnelle avec le thérapeute en question.


Les coûts

De manière générale, les coûts d’une psychothérapie sont pris en charge par les caisses d’assurance maladie publiques, pour autant qu’il y ait « trouble psychique ayant valeur de maladie » (psychische Störung mit "Krankheitswert") et que le thérapeute soit Psychotherapeut d’une part et soit détenteur d’une Kassenzulassung d’autre part. Cette généralité appelle néanmoins de nombreuses précisions.

En Allemagne, les médecins, les psychothérapeutes, les dentistes, les kinésithérapeutes et les ergothérapeutes peuvent obtenir une Kassenzulassung, c’est-à-dire un droit à facturer leurs prestations auprès des caisses d’assurance maladie publiques. Le nombre des Zulassung est cependant limité et dans le cas des psychothérapeutes, clairement insuffisant. Il existe donc un grand nombre de psychothérapeutes ayant une Approbation mais pas de Kassenzulassung. Cela implique qu’il est parfois possible de faire couvrir les frais d’une psychothérapie entamée chez un Psychotherapeut sans Zulassung par les caisses publiques (dans le cadre d'une procédure appelée Kostenerstattung). Il faut dans ce cas prouver qu’aucun Psychotherapeut avec Zulassung n’était disponible.

Les caisses d’assurance maladie privées quant à elles prennent souvent en charge non seulement les psychothérapies entamées auprès de Psychotherapeut mais également celles entamées auprès de Heilpraktiker. Tout étant une question de contrat, il est impératif de contacter son assurance pour comprendre les modalités de prise en charge.

Dans de rares cas, les assurances publiques peuvent également rembourser une psychothérapie entamée chez un Heilpraktiker mais cela reste l’exception. L'impératif d'une thérapie en français et le fait que le thérapeute soit psychologue diplômé sont dans ces cas des arguments de poids.

Les différentes démarches administratives

Si vous optez pour un Psychotherapeut avec Kassenzulassung et que celui-ci peut vous recevoir dans des délais raisonnables, vous n’avez pas d’autre démarche à effectuer. Au terme de quelques séances, le psychothérapeute enverra la demande de prise en charge à votre assurance et pour autant que le diagnostic implique un trouble ayant valeur de maladie, la thérapie sera prise en charge.

Si vous optez pour un Psychotherapeut sans Kassenzulassung pour diverses raisons (liste d’attente, nécessité d’une thérapie en français) et que vous désirez une prise en charge par votre assurance publique (Kostenerstattung), vous devrez introduire une demande personnellement. Pour cela, vous devrez adresser une lettre à votre assurance comportant les éléments suivants :

  • d’une part les détails de votre recherche montrant qu’aucun Psychotherapeut avec Zulassung n’était disponible pour vous recevoir « près » de chez vous dans un délai raisonnable (nom du psychothérapeute, heure et date de l’entretien téléphonique, délai d’attente pour entamer une thérapie). Il est conseillé de contacter au moins trois professionnels différents.
  • d’autre part une attestation stipulant que vous avez un besoin urgent de soins. Celle-ci peut être obtenue auprès de votre médecin traitant ou dans une clinique.
  • et enfin, une note écrite de la part du Psychotherapeut choisi stipulant qu’il pourra effectivement vous recevoir rapidement.

Les assurances publiques sont légalement obligées de prendre en charge les soins nécessaires, si le choix d’un Psychotherapeut sans Zulassung est justifié. Néanmoins, les démarches préliminaires peuvent s’avérer lourdes pour quelqu’un n’étant justement pas au mieux de sa forme et/ou ne parlant pas parfaitement allemand. N’hésitez pas à vous faire aider par un proche.

Enfin, si vous optez pour un Heilpraktiker pratiquant la psychothérapie, vous pouvez essayer d'introduire une demande de Kostenerstattung (procédure décrite plus haut) auprès de votre assurance publique ou devrez prendre contact avec votre assurance privée si vous en avez une pour vérifier les modalités de votre contrat.

La question du diagnostic

Comme évoqué plus haut, la prise en charge d’une thérapie par une caisse d’assurance publique implique que le psychothérapeute soumette une demande accompagnée d’un diagnostic. Ceci se fait bien évidemment en toute confidentialité et le diagnostic est rendu anonyme via l’attribution d’un code pour le traitement du dossier auprès de l’assurance. L’évaluateur ne peut donc pas faire de lien entre le nom du patient et son diagnostic. Malgré cette assurance de confidentialité, certaines personnes peuvent néanmoins se sentir mal à l’aise vis-à-vis de cette procédure. Elles peuvent alors choisir de ne pas faire intervenir leur assurance et payer elle-même leur thérapie. Dans tous les cas, il est tout à fait légitime d’aborder cette question avec le psychothérapeute lors des séances préliminaires.

La question du « trouble psychique ayant valeur de maladie » peut elle aussi bien évidemment poser question. L’idée reçue selon laquelle il n’y a que les fous et les faibles qui aient besoin d’une aide psychothérapeutique a malheureusement la peau dure et les nécessités administratives viennent ici stigmatiser un peu plus la personne en souffrance. Il est essentiel de pouvoir se dégager de cet « étiquetage » finalement essentiellement administratif pour pouvoir se permettre d’aller chercher l’aide dont on a besoin à un moment particulier de sa vie. C’est une démarche extrêmement courageuse nécessitant au contraire une certaine force.


Trouver un thérapeute

Le site du Consulat français ainsi que la page du guide Psychothérapeutes proposent des listes de thérapeutes francophones.

Il existe également de nombreux sites en allemand offrant des informations fort complètes et la possibilité de chercher facilement un thérapeute francophone près de chez soi. En voici un parmi d’autres : http://www.therapie.de/psychotherapie/





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Hülya Cakir-Richel